Alors, ça y est, vous avez décidé de vous lancer dans le monde merveilleux du podcasting ? Vous vous êtes dit que vous ne deviez pas être le seul à vouloir débattre pendant des heures des bienfaits de cette série obscure des années 70, ou encore qu’il manquait d’une émission sur la danse synchronisée, et vous avez bien l’intention d’aller combler cette lacune. Voici les bases du podcasting.
Vous avez déjà rassemblé une petite équipe d’experts et convenu d’un rendez-vous mensuel pour mettre tout ça en boite. L’occasion pour moi de vous filer quelques conseils pour que le résultat soit à la hauteur de vos attentes. Notez qu’on ne parlera ici que de l’aspect technique, la diffusion et le gain de notoriété étant un tout autre exercice (sur lequel on aura peut-être l’occasion de revenir ultérieurement). Mais pour l’heure, des conseils pour que le son soit bon…
Les bases du podcasting:
L’argent est important, mais pas tant que ça !
On dit souvent que pour avoir un son « pro » dans le podcasting, il faut forcément investir dans du matériel coûteux. C’est à mon sens une idée reçue à laquelle il faut tordre le cou. Bien entendu, n’espérez pas produire quelque chose de qualité si vous enregistrez votre voix avec le micro de votre webcam. Mais pas la peine non plus de sortir le chéquier pour se payer le dernier cardio à la mode.
Un budget de 50 à 100€ (entre 100 à 150$CAN) suffira amplement pour un micro correct qui devrait vous assurer une prise de son propre et audible. (On essaiera de vous concocter un petit guide à l’occasion, mais n’hésitez pas à poster vos recommandations dans les commentaires).
Quoi qu’il en soit, plus important que la qualité intrinsèque de votre micro, c’est surtout l’homogénéité de votre matos qui va avoir son importance. Si vous flashez pour un micro « à pas cher », mais que votre ami à l’autre bout du fil bosse avec un système pro à 500$, vous allez forcément avoir une disparité de timbre entre les deux intervenants. Et ça, c’est un truc qu’on cherche à éviter à tout prix dans un podcast, où l’uniformité doit toujours être la règle. C’est la première chose à connaître sur les bases du podcasting.
Optimisez vos niveaux d’enregistrement
Une erreur courante qu’on retrouve dans bon nombre de podcasts et le monde du podcasting en général (et même dans des vidéos YouTube de vieux routards), c’est l’absence d’optimisation des niveaux. Et rien de plus désagréable que de devoir en permanence tripoter le bouton volume, parce que l’un des intervenants est à peine audible, ou parce que la musique entre les discussions joue beaucoup trop fort.
Certes, la problématique des niveaux peut principalement être abordée en post-production, mais on oublie souvent un peu vite qu’on peut se faciliter grandement la vie si on y prend déjà garde à l’enregistrement. Prenez quelques minutes avant chaque session pour vérifier les niveaux de tous vos intervenants, et vous assurer qu’ils ne sont ni trop fort (risque de saturation, souvent irrécupérable), ni trop faible (risque d’artefacts indésirables à l’amplification).
Si vous bossez avec Mumble, pensez à désactiver la réduction de bruit (dans les options «entrée audio» et «traitement audio»), qui a tendance à maltraiter le son dès que son volume plonge un peu trop vers le bas.
Faites des prises multipistes !
Ça va sans doute sembler une évidence pour certains, mais j’ai encore vu récemment des enregistrements de podcasting à plusieurs intervenants, où toutes les voix étaient mélangées sur une unique piste stéréo. C’est une hérésie. Quelle que soit votre configuration (tous dans une pièce ou via le net), il est toujours préférable de procéder à un enregistrement multi-pistes, où chaque intervenant aura son propre fichier son dédié.
Tout simplement parce que cela va vous permettre durant la phase de post- production de travailler plus efficacement sur deux aspects primordiaux : la qualité du son et le dynamisme du montage. Disposer d’une piste isolée pour chaque intervenant va vous permettre par exemple d’éliminer plus facilement des sons indésirables captés par un micro particulier (les miaulements d’un chat, au hasard), de rajouter un peu d’égalisation sur une voix qui vous semble un peu trop basse ou trop aiguë ou même, avec les plugins adéquats, de supprimer tout effet de « bleeding » (débordement du son d’un micro à l’autre qui se produit quand enregistre dans la même pièce).
Oh et si vous travaillez avec Mumble, demandez à vos intervenants de procéder eux-aussi à l’enregistrement. Ça vous permettra de récupérer chaque prise à la source, et contourner ainsi d’éventuels soucis de brève déconnexion en cours d’enregistrement.
Réparez vos pistes !
On vient d’en parler : l’avantage d’enregistrer en multi-pistes, c’est de pouvoir ensuite traiter vos différents intervenants séparément. Dans le cas où l’une des prises présenterait un problème relativement rédhibitoire, vous allez ainsi pouvoir la traiter séparément, sans affecter les autres.
Le problème qu’on rencontre le plus fréquemment, surtout si on bosse via Mumble, c’est le très indésirable «clipping», ce « clic » sec et désagréable qui se manifeste chaque fois qu’un intervenant dépasse le seuil de saturation. Pour s’en débarrasser, il existe des solutions payantes (comme le RX d’iZotope), qui intègrent un outil dédié à l’éradication de ce genre de problèmes. Mais si vous n’avez pas de budget, vous pouvez également réparer ces bruits parasites à la main. Prenez le temps de monter vos émissions de podcasting.
C’est sans conteste, avec l’uniformisation du volume des intervenants, l’aspect le plus négligé dans la majorité des podcasts du marché, et pourtant : le montage est ESSENTIEL. Un enregistrement (surtout via le net, ou les risques de « lag » entre les intervenants sont assez élevés) est rarement dynamique du premier coup. Votre boulot, en post-production, va notamment consister à rendre le déroulé de vos conversations plus fluide pour l’image de votre podcasting.
Avec le lag, ou la pression d’un enregistrement, il arrive parfois qu’on ne parvienne pas à obtenir un échange dynamique et où les moments de silence, même brefs, sont légion. Les raccourcir va rendre vos conversations plus vives, moins brouillonnes, et votre podcast plus agréable à l’écoute de manière générale. Veillez toutefois à ne pas les raccourcir de trop : parfois, certains silences sont nécessaires et les supprimer complètement peut rendre la coupure perceptible.
Oui, c’est du travail , mais vous n’imaginez pas à quel point l’extermination de toutes ces errances peuvent changer la dynamique de votre émission du tout au tout. Ici aussi, usez de l’outil avec modération : ne forcez pas la réparation d’un bafouillage si cela donne une sensation d’élocution artificielle à vos auditeurs. Comme pour les silences, à vous de juger ce qui mérite d’être éradiqué ou pas.
Ça arrive assez fréquemment : deux intervenants se mettent malencontreusement à s’exprimer en même temps, rendant leurs propos respectifs incompréhensibles. Le cas échéant, n’hésitez pas à décaler de quelques secondes leurs pistes pour rendre le tout plus clair. Mais encore une fois, n’abusez pas du procédé : il est parfois bon de garder ces superpositions de voix, pour ne pas perdre le dynamisme d’un échange plus passionné.
Faites un mastering global de votre podcasting avant diffusion
Normalement, si vous avez bien suivi mes recommandations jusqu’ici, vous devriez avoir un podcast propre, écoutable et d’un niveau sonore cohérent. Mais si vous souhaitez pousser un peu plus loin le professionnalisme, vous pouvez également choisir de faire un « mastering », c’est-à- dire d’appliquer une dernière couche de traitements sonores à votre mix final pour le rendre encore plus joli.
En général, au cours de cette ultime phase, on va surtout bosser sur le volume global de l’émission, en essayant de se rapprocher au mieux d’un volume optimal (donc proche de 0db, ou -6db en RMS). Pour ce faire, on peut choisir d’utiliser un compresseur ou un limiteur, qui va se charger de faire remonter un peu le volume des passages plus bas, tout en limitant ceux qui dépassent un certain seuil.
Le résultat visé est d’obtenir un volume sonore uniforme sur l’ensemble du podcast, histoire qu’il puisse être écouté dans des configurations pas forcément idéales (dans les transports en commun par exemple). Petit conseil: pour réussir le mastering de son podcasting , je préconise de le faire en pré-écoute mono (et pas stéréo). Ça permet (je trouve) d’avoir une meilleure perception de la dynamique générale et de mieux repérer d’éventuelles disparités entre certaines voix, ou entre les voix et la musique, si votre podcast en contient.
Conclusion sur les bases du podcasting
En fin, pensez donc à organiser chronologiquement vos diffusions puis à vous inspirer d’autres podcasteurs. Lorsque vous aurez défini le sujet qui vous passionne assez pour en faire une émission de podcasting (si vous avez l’impression de travailler ce n’est pas ça, réessayez !), il vous restera à choisir le format de votre émission (interview, discussion, critique de film, de musique ou de livre, séquence humoristique, etc.), et à définir sa durée et sa fréquence de diffusion.
Quant au public à cibler, le monde du podcast ne connaît en principe aucune règle, car vous pouvez rendre votre émission aussi vaste que ciblée en fonction de vos aptitudes à fidéliser vos auditeurs. En fonction de votre façon de penser et de vous affirmer ainsi que de vos connaissances, l’essentiel est de déterminer l’audience avec qui vous êtes à l’aise.
Si certains podcasteurs visent un public jeune, d’autres ont plus de succès pour s’adresser aux plus âgés. Tout dépend de votre capacité à attirer l’attention du public et à entretenir cette relation au fur et à mesure de vos diffusions et de vos futurs sujets.
Dans tous les cas, étant donné que ce type de diffusion est énormément répandu depuis quelques années déjà, il est clair que vous avez des millions de « concurrents » dans l’univers du podcasting. Pour vous démarquer des autres, veillez donc à ce que votre émission soit unique et attrayante et laissez la passion parler.
En résumé sur cet article sur les bases du podcasting:
-Ne claquez pas votre PEL dans un micro de luxe, on trouve de bons outils s à des prix abordables. Le plus important, c’est de vous assurer que tous vos intervenants ont peu ou prou le même genre de matériel, histoire de rendre l’ensemble de votre podcast plus homogène.
-Avant d’enregistrer, vérifiez que le volume général de vos intervenants soit homogène, sans saturation, ni souffle dû à un niveau trop bas. Et désactivez les fonctionnalités de réduction de bruit de votre logiciel, il y a de meilleurs outils pour ça qu’on peut utiliser en post-production.
– Enregistrez toujours vos sessions en multipistes, une piste par intervenant. Cela vous permettra de faire un boulot beaucoup plus chirurgical en post-production, et vous offrira plus de latitude pour améliorer la qualité sonore de votre émission de podcasting.
– Profitez de cette phase pour refaire une balance globale de vos différents intervenants, vérifier que les timbres sont le plus « raccords » possible (c’est à dire que vous n’avez pas un intervenant moins fort, ou avec un son beaucoup plus métallique que les autres), et s’assurer qu’aucun bruit parasite ne subsiste (le cas échéant, traitez-le avec l’outil adéquat).
– Le montage est une phase à ne pas négliger. Prenez le temps nécessaire pour supprimer tout ce qui nuit à la fluidité de vos échanges, sans toutefois en abuser, au risque de leur faire perdre tout naturel. Pro-tip : n’hésitez pas à monter en vitesse accélérée pour gagner du temps (mais gardez à l’esprit que les silences vous sembleront plus courts également et que vous risquez de zapper les dispensables à l’écoute).
– Passez une dernière couche de vernis audio sur votre production avec un compresseur/limiteur qui va lisser un peu la dynamique sonore de votre enregistrement, et permettre son écoute en toutes situations.
Il semblerait qu’il ne vous reste plus qu’à vous lancer dans ce bel univers du podcasting, n’oubliez pas d’y prendre plaisir c’est un point essentiel de la réussite et cela commence par les bases du podcasting.